Lettre ouverte à Manuel Valls
Cher Manuel,
Soutien fidèle de François Hollande, j’ai souhaité prendre le temps de la réflexion et parfois même – pourquoi ne pas le dire tant notre vie politique a besoin de retrouver de la sincérité – pensé rester en retrait non pas des primaires mais des logiques de soutien que notre parti organise. Mais ce serait incompréhensible : nous ne sommes pas élus pour rester neutres, ce ne serait pas à la hauteur des enjeux politiques du moment, ce serait contribuer à affaiblir une pratique politique nouvelle que le Parti Socialiste a su rendre incontournable. Notre système institutionnel souffre de difficultés structurantes qui nous obligent à participer à la réussite de ce qui est novateur et constructif.
Faire le choix de te soutenir n’est pas un exercice naturel au regard de mon parcours. Et pourtant il s’impose. Ce choix n’est pas évident car je n’ai pas partagé toutes tes prises de positions lors de cette mandature. Pour parler clair, si je sais qu’un chef de majorité doit trancher pour décider, j’ai vu une partie de la population, même dans nos soutiens, regretter des compromis insuffisamment recherchés. De longue date, j’ai pris le parti de privilégier l’intérêt général au regard de mon intérêt particulier : je ne compte pas dévier de cette ligne qui fait que lorsque je me coiffe devant ma glace je ne pense à aucune responsabilité politique future négociée en contrepartie de mes choix politiques.
Mon choix d’être à tes cotés s’impose à plus d’un titre pour continuer à « réformer sans abîmer, et moderniser sans détruire » comme l’a, si opportunément rappelé Bernard Cazeneuve dans sa déclaration de politique générale :
Pour assumer les grandes réformes des cinq dernières années : investissements dans l’éducation, la justice et la sécurité, effort constant pour le rétablissement des comptes publics, mise à égalité des fiscalités du patrimoine et du travail, renforcement de la justice fiscale, renforcement des remboursements médicaux tout en annulant presque entièrement le « trou » de la sécurité sociale, le non cumul, la transparence, la lutte contre la corruption et pour la protection des lanceurs d’alerte…
Pour porter un regard lucide sur des manques ou erreurs de cette même période : débat sur la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux, méthode de préparation de certaines réformes comme le CICE ou la loi travail…
Pour partager des diagnostics sur notre société et établir nos engagements collectifs.
J’attends de notre candidat qu’il soit un fervent républicain, un dirigeant politique aussi expérimenté que déterminé, qu’il sache reconnaître parfois ses erreurs et en tirer profit, qu’il se mobilise pour les plus faibles qui ont fait l’objet de notre attention permanente sans souvent en avoir été convaincus, qu’il soit promoteur d’une citoyenneté renouvelée. Je te soutiens donc avec détermination et convictions car je sais que ces qualités sont tiennes. Je n’oublie pas également ce que tu as fait pour les quartiers et notamment le Blosne à Rennes – tu y es venu deux fois, une fois en qualité de Ministre de l’Intérieur puis de Premier Ministre, tout comme Bernard Cazeneuve en 2015- Notre quartier bénéficie des décisions que tu as prises, qu’il s’agisse de réhabilitations des logements et commerces ou de renforts de sécurité.
Fédère tes soutiens, fais mentir tes contradicteurs, rassure ceux qui restent réservés en démultipliant les formidables qualités de rassemblement que je te connais, et tu seras celui qui dans la digne lignée de François Hollande réformera pour défendre les plus fragiles et éloignera les populismes. Invente surtout ce paradigme aimable qui nous manque tant.
Républicain assurément, exigeant et déterminé à n’en pas douter une seconde, en capacité nul n’en doute, tu es la bonne personne à la bonne place au bon moment.
Amitiés socialistes.
Marie Anne Chapdelaine
Députée d’Ille et Vilaine