Mariage Pour tous, Valeurs Pour Tous, Tribune de Marie Anne Chapdelaine dans le 0uest-France du Samedi 6 Avril
Alors que le texte est débattu au Sénat , Marie Anne Chapdelaine s’exprime ce jour dans la rubrique Point de vue de Ouest France.
Mariage pour tous, valeurs pour tous
Les peintres le savent bien : pour bien travailler,il ne suffit pas d’éclairer, il faut que la perspective soit bonne.
Aussi, à propos de la question du Mariage pour tous, il me semble indispensable de bien situer le contexte dans lequel s’inscrit notre réforme, celui d’un modèle de société violenté et abimé : une société violentée par une crise mondiale susceptible de conduire au règne des égoïsmes, une société abimée par une succession, en France, de mesures génératrices de tension sociale. En conséquence, le fil rouge de toutes nos réformes est de redonner au corps social sa cohésion, qui fait la force économique et sociale de notre pays.
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Le projet de Loi sur le Mariage pour tous participe pleinement de cette ambition de justice et de sérénité sociale.
Premièrement parce qu’elle est la traduction concrète d’un engagement pris devant les Français par le Président Hollande durant la campagne. Nul n’est donc pris au dépourvu et le respect de la parole politique donnée est une des pierres de cet édifice.
Deuxièmement parce que cette réforme est dans l’intérêt de l’enfant. On estime aujourd’hui à plusieurs dizaines de milliers d’entre eux ceux qui se retrouvent sur une voie sans droits. En effet, séparation et décès cassent chaque année des liens familiaux construits patiemment au sein de leurs foyers. Que répondre par exemple à un enfant dont les grands parents – suite à un décès dans une relation homosexuelle de leur fils ou fille qu’ils
n’ont pu ou voulu accepter – refusent à l’enfant de voir celui ou celle qui était aimé par son papa ou sa maman, et avec qui il a pourtant grandi ? Cette inégalité de droits entre enfants n’est plus tolérable.
Troisièmement parce que cette réforme est de l’intérêt de toutes les familles. Faire évoluer le modèle familial, le mettre en prise réelle avec notre société sans pour autant en solder les valeurs, voilà qui rend un vertueux service à tous : en faire partager ses valeurs, c’est permettre au plus grand nombre de partager les droits et obligations qui l’accompagnent. Par ailleurs, le propre des grandes réformes est de mettre au grand jour la nécessité de nouvelles avancées. Et le débat du Mariage pour tous n’y aura pas échappé : des entretiens et des débats est apparue la nécessité de réformer le régime de l’adoption et repenser notre politique familiale.
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Rétablir plus de justice entre les enfants et entre les familles, renouer le lien de confiance avec les dirigeants politiques, voilà ce qui à notre sens préserve les valeurs de notre République : la fraternité et l’égalité.
Telle est notre vision, tel est le chemin idéologique que nous souhaitons emprunter. Nous n’en démordrons pas : le Mariage pour tous n’est pas qu’un droit enfin rendu à quelques-uns, il est une avancée sociale au bénéfice de tous. Il était grand temps de faire coïncider le réel avec la Loi, une loi qui ici donne des droits à ceux qui n’en avaient pas sans en retirer à ceux qui les possèdent déjà.
Bonjour madame
Merci pour cet argumentaire clair et serein. Il est exact que le projet fait partie du projet présidentiel et qu’il est discuté par le parlement démocratiquement élu.dont acte. Il est aussi exact que les homosexuels ne soient pas fiare l’objet de discrimination, et que certaines situations familiales aujourd’hui compliquées doivent faire l’objet d’une attention particulière. Pour autant, le projet de loi -vous en conviendrez – ne saurait de facto sinon de jure être distingué des questions liées la procréation et à la filiation. Sur ces points, l’institutionnalisation du mariage homosexuel est porteur de graves risques que les généreux partisans du projet refusent souvent d’aborder. JE serai heureux de lire sous votre plume un tribune aussi claire sur la tolérance de la PMA/GPA pour ces couples qui voudront – au nom de l’égalité – y avoir recours.
J’ajoute enfin que le législateur, sil ne doit en aucun cas méconnaître la réalité se doit d’une part d’envisager toutes les conséquences des nouvelles lois, et d’autre part, n’a pas vocation à légitimer ou favoriser des situations de fait (accompli) issues de comportement délibérément illicites.
Merci d’avance