Réponses aux agressions.

Editorial.

Au tableau d’une école primaire où j’avais l’immense plaisir de répondre la semaine passée à des enfants, il était écrit cette citation de Voltaire « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ». Cette inscription et ces quelques minutes passées en présence des enfants et de leur enseignant plantent, à mon sens, le décor des réponses aux terroristes qui nous agressent : la jeunesse ; l’Ecole et d’une manière générale l’Education ; la pensée et l’élévation intellectuelle.

Notre pays – rappelons qu’il a le taux de natalité le plus élevé d’Europe – peine à trouver les bons mots pour parler à sa jeunesse. La qualité du dialogue n’est pas toujours au diapason de nos volontés.

Nos actions à son intention sont pourtant structurantes : le budget de l’Education Nationale est une priorité de ce gouvernement, de nombreuses initiatives ont été engagées à son endroit. Un seul objectif nous guide dans cette entreprise : refuser le déterminisme social. Les conditions de naissance ne peuvent pas figer le parcours d’une vie : ce n’est pas tolérable.

Mais nonobstant notre volonté politique, il nous faut encore travailler à faire en sorte que cette envie, que ces engagements de nos jeunes – beaucoup plus conséquents qu’on ne le pense – croisent nos pratiques politiques, soient mieux intégrés au fonctionnement de notre société. Mais il faut également que leurs efforts soient récompensés sur le plan social et économique. Il n’est de pire horizon que celui qui ne permet pas le dépassement de soi et la réalisation de ses projets.

Il y a là un premier axe de travail : faire en sorte que notre jeunesse soit convaincue d’être écoutée, responsabilisée.

Second axe de travail, l’Education : initiale et continue. Elles se nourrissent l’une l’autre. A tout âge il est nécessaire d’apprendre, de comprendre, de progresser. L’éducation scolaire est une tranche de vie qui nous est commune à toutes et tous. Elle nous relie les uns aux autres. L’Education scolaire doit être encore plus facteur de cohésion, de compréhension mutuelle, d’assimilation et de compréhension des différences.

Et il ne faut pas oublier tout ce qui relève de l’éducation populaire – si précieuse dans un parcours d’émancipation et de dépassement de soi – et continue. Cette dernière est en effet trop peu valorisée dans notre imaginaire collectif, trop souvent réduite à un passage obligé de reconversion alors qu’elle est un outil de progression personnelle avant d’être celui de la quête d’un nouvel emploi.

Troisième chantier de réflexion, plus complexe mais tout aussi nécessaire, celui de la Culture. Ce que j’appellerai pour ma part l’élévation intellectuelle. Nous confronter aux Arts – quelle qu’en soit la forme – aux Sciences, à la culture tout simplement, est une nécessité de tous les instants. Et celle-ci ne peut pas être le privilège de quelques-uns mais le loisir de tous. Les questions de laïcité, de tolérance s’enracineront avec encore plus de force dans notre terre républicaine, à ce prix.

Ces quelques réflexions ne se veulent bien évidemment pas exhaustives. Elles sont à croiser également avec des nécessités sécuritaires, parfaitement confortées par les annonces du Premier Ministre hier, mercredi 21 janvier. Mais, fière de ce que notre République a démontré comme capacité de réaction ces jours derniers, je suis convaincue que la jeunesse, l’éducation et la culture sont les réponses de demain aux défis d’aujourd’hui. Dans ma fonction de Parlementaire, je ne manquerai pas de m’y consacrer et référer.

Marie-Anne Chapdelaine.

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