Envie de réagir

0 commentaires

Edito.

Depuis dimanche soir, plus que de coutume, je lis, j’écoute… Et plus que jamais j’ai envie de réagir. 
 
J’ai fait le choix de soutenir Manuel Valls, en conscience. J’ai toujours su ce choix plus complexe que celui de soutenir Benoît Hamon. Plus risqué également, chacun de nous étant conscient depuis des semaines qu’il était plus difficile de défendre le bilan que de le dénoncer. Or il y a un bilan que le temps ne tardera pas à reconnaître à sa juste valeur.
 
Mais ai-je été élue pour choisir les soutiens les plus confortables ? Certainement pas et j’affirme que mon parcours de parlementaire témoigne de ma fidélité aux électeurs, à ma sensibilité politique. Il est parfois plus courageux de se taire que de parler aux micros, de voter « pour » que « contre » : la salle des 4 colonnes à l’assemblée souffre de ces égos démesurés qui s’y complaisent.
 
A ce stade de mon engagement de militante, j’ai donc quelques difficultés à entendre sur mes bancs ou ceux opposés que nous n’aurions pas compris ce qui se passe, que nous nous éloignons du peuple. Je suis depuis 2012 – et bien avant pour qui me connait – sur le terrain, au contact des gens, des associations, de la misère. Cessons donc de croire que les soutiens de M. Valls sont déconnectés et ceux de B. Hamon  en phase avec la société. L’un et l’autre sont de parcours similaires, essentiels à notre parti,  dans leurs forces et faiblesses.
 
Parce que notre choix n’est pas celui sorti grand vainqueur du scrutin de dimanche, alors nous serions dans le faux ? Dans l’erreur ? Stratégiquement, je l’entends. Mais sur le plan des convictions, sur le plan du « parler sincère », ne peut on entendre qu’un parlementaire puisse faire le choix de ses convictions plutôt que celui du calcul ? Notre démocratie serait elle à ce point pervertie qu’elle ne peut admettre la sincérité des engagements ?
 
Pour ma part, je soutiens M. Valls : ses compétences acquises hier correspondent à celles qui seront exigées demain ; son programme est réalisable et « réformera sans casser » comme le signalait B. Cazeneuve dans sa déclaration de politique générale. Je n’ai désormais qu’un souci : la France, demain. Je m’identifie plus difficilement dans le programme de B. Hamon, qu’il s’agisse de notre capacité à financer du revenu universel, de sécurité, de réforme de nos institutions, de 49-3 citoyen… Sur ce dernier point, son existence aurait elle permis d’adopter le loi sur le mariage pour tous ? La question doit être posée. Ce sont mes convictions à la place qui est la mienne. Tout cela n’enlève rien à B. Hamon, à l’égard duquel un procès en incompétence serait aussi malhonnête qu’infondé. Je fais juste le pari d’un homme, sur la base de ma propre expérience, de ce que j’ai vécu tout particulièrement ces cinq dernières années. Je fais aussi le pari d’une vision de la gauche dans laquelle je veux me retrouver.

Que la Primaire aille à son terme, dans le respect des convictions de chacun et de la sincérité qui les accompagne. Viendra ensuite le temps du rassemblement.

 

Marie-Anne Chapdelaine
 

Lettre ouverte à Manuel Valls

0 commentaires

Cher Manuel,

Soutien fidèle de François Hollande, j’ai souhaité prendre le temps de la réflexion et parfois même – pourquoi ne pas le dire tant notre vie politique a besoin de retrouver de la sincérité  – pensé rester en retrait non pas des primaires mais des logiques de soutien que notre parti organise. Mais ce serait incompréhensible : nous ne sommes pas élus pour rester neutres, ce ne serait pas à la hauteur des enjeux politiques du moment, ce serait contribuer à affaiblir une pratique politique nouvelle que le Parti Socialiste a su rendre incontournable. Notre système institutionnel souffre de difficultés structurantes qui nous obligent à participer à la réussite de ce qui est novateur et constructif.

Faire le choix de te soutenir n’est pas un exercice naturel au regard de mon parcours. Et pourtant il s’impose. Ce choix n’est pas évident car je n’ai pas partagé toutes tes prises de positions lors de cette mandature. Pour parler clair, si je sais qu’un chef de majorité doit trancher pour décider, j’ai vu une partie de la population, même dans nos soutiens, regretter des compromis insuffisamment recherchés. De longue date, j’ai pris le parti de privilégier l’intérêt général au regard de mon intérêt particulier : je ne compte pas dévier de cette ligne qui fait que lorsque je me coiffe devant ma glace je ne pense à aucune responsabilité politique future négociée en contrepartie de mes choix politiques.

Mon choix d’être à tes cotés s’impose à plus d’un titre pour continuer à « réformer sans abîmer, et moderniser sans détruire » comme l’a, si opportunément rappelé Bernard Cazeneuve dans sa déclaration de politique générale :

Pour assumer les grandes réformes des cinq dernières années : investissements dans l’éducation, la justice et la sécurité, effort constant pour le rétablissement des comptes publics, mise à égalité des fiscalités du patrimoine et du travail, renforcement de la justice fiscale, renforcement des remboursements médicaux tout en annulant presque entièrement le « trou » de la sécurité sociale, le non cumul, la transparence, la lutte contre la corruption et pour la protection des lanceurs d’alerte…

Pour porter un regard lucide sur des manques ou erreurs de cette même période : débat sur la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux, méthode de préparation de certaines réformes comme le CICE ou la loi travail…

Pour partager des diagnostics sur notre société et établir nos engagements collectifs.

J’attends de notre candidat qu’il soit un fervent républicain, un dirigeant politique aussi expérimenté que déterminé, qu’il sache reconnaître parfois ses erreurs et en tirer profit, qu’il se mobilise pour les plus faibles qui ont fait l’objet de notre attention permanente sans souvent en avoir été convaincus, qu’il soit promoteur d’une citoyenneté renouvelée. Je te soutiens donc avec détermination et convictions car je sais que ces qualités sont tiennes. Je n’oublie pas également ce que tu as fait pour les quartiers et notamment le Blosne à Rennes – tu y es venu deux fois, une fois en qualité de Ministre de l’Intérieur puis de Premier Ministre, tout comme Bernard Cazeneuve en 2015- Notre quartier bénéficie des décisions que tu as prises, qu’il s’agisse de réhabilitations des logements et commerces ou de renforts de sécurité.

Fédère tes soutiens, fais mentir tes contradicteurs, rassure ceux qui restent réservés en démultipliant les formidables qualités de rassemblement que je te connais, et tu seras celui qui dans la digne lignée de François Hollande réformera pour défendre les plus fragiles et éloignera les populismes. Invente surtout ce paradigme aimable qui nous manque tant.

Républicain assurément, exigeant et déterminé à n’en pas douter une seconde, en capacité nul n’en doute, tu es la bonne personne à la bonne place au bon moment.

Amitiés socialistes.

Marie Anne Chapdelaine
Députée d’Ille et Vilaine