Bob HASLE, la passion.

Une existence marquée par la pratique et la promotion d’une musique Bretonne vivante.

Les bâtiments de l’ancienne école publique de Vern-sur-Seiche, c’est là, sur le seuil de la porte, que nous accueille Bob Haslé.

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L’homme est souriant, avenant et chaleureux.

Né en 1947 au sein d’une famille originaire de la région de Vern, ingénieur des Méthodes, aujourd’hui retraité, il entre chez Citroën, à l’usine de La Janais en 1970, où il se verra confier la responsabilité de différents services au sein de l’entité rennaise de Peugeot Citroën Industrie – PCI premier constructeur français de biens d’équipement principalement automobiles – dans les années 90 – avec 5 sites en France -

Cette activité devenue filiale à part entière en 98, le choix effectué par PSA « d’ externaliser », il figurera – comme chef de projet – parmi les principaux concepteurs et artisans de l’installation du nouveau site sur le territoire de la commune du Rheu. Site dont il assumera la direction durant plusieurs années, ainsi que celles des ressources humaines, Méthodes et investissements de cette entreprise innovante de près de 500 ingénieurs, techniciens et professionnels de haute qualification.

Cette brillante carrière professionnelle, d’évidence, ne constitue qu’une partie de l’activité de cet homme passionné. Les indices, nous en sommes entourés dans cette grande salle au parquet luisant : barre de danse, instruments de musique dont une imposante grosse caisse décorée aux couleurs du Bagad de Vern-sur-Seiche. C’est que ces locaux, très lumineux, ont été mis à la disposition du Bagad Kadoudal par la municipalité et c’est Bob qui en est le grand ordonnateur.

Ce terrible virus de la culture bretonne et plus particulièrement de la musique bretonne, il l’a contracté très tôt et n’en est toujours pas guéri ! « C’est à l’âge de 8 ans, assistant en compagnie de mon grand-père au défilé de la Fête des Fleurs de Rennes, Quai Emile Zola, que je découvre cette musique et suis instantanément persuadé que je dois en être ». C’est donc en 1954 qu’il est inscrit dans une association regroupant quelque 400 enfants. Passionné, il est vite placé à la tête du Bagad des enfants, puis, le temps passant il gravit les échelons pour devenir le « Penn soner » (Chef des sonneurs) du Bagad Kadoudal des adultes. Après fusion avec la Kevrenn de Rennes, c’est lui qui aura le privilège de porter sur sa cornemuse le très envié fanion du champion, lorsque son Bagad obtient en 1967 le beau titre de Champion de Bretagne de 1ère catégorie (l’élite des bagadou).

Toujours très engagé dans la mouvance musicale Bretonne, il se voit sollicité, en 1975, par des Vernois aussi passionnés que lui, entre autres par Michelle Georgelin (élue municipale et militante laïque), pour lancer une association sur Vern. C’est ainsi que nait, en septembre 1975, le Bagad de Vern qui reprendra le nom de Kadoudal à la Kevrenn de Rennes, lorsque le bagad rennais cessera d’exister en 1982. Aujourd’hui, celui-ci comprend deux bagad : l’école des jeunes sonneurs en devenir, appelé bagadig  (4 à 5 ans d’apprentissage en moyenne), et le bagad des musiciens expérimentés (après 7 ans de travail, en moyenne) qui évolue en 2ème catégorie du championnat national des bagadoù.

En parallèle, il présidera le comité des fêtes et d’animation de Vern à partir de 84, et pendant plus d’une dizaine d’années. C’est sous son impulsion que sera créé la fête du chant de marin, devenu « le grand démâtage » avec l’énorme succès qu’on lui connaît aujourd’hui.

Simultanément l’activité associative de Bob Haslé s’amplifie, puisqu’en 1987 il prend la Présidence de l’Association Skeudenn (« L’image »), fédération du pays de Rennes des associations culturelles bretonnes (4500 personnes), organisatrice entre autres du festival Yaouank qui rayonne sur l’ensemble du département d’Ille-et-Vilaine.

C’est aussi à partir de la fin des années 70 qu’il relancera la fédération des sonneurs d’Ille et Vilaine – Bodadeg ar Sonerion Bro Roazhon – avec l’aide des responsables du bagad malouin. Présidence qu’il quittera lorsqu’il sera élu en 1997 à la présidence de la fédération nationale Bodadeg Ar Sonerion – B.A.S. (l’Assemblée des sonneurs),  qu’il assumera pendant 13 ans, jusqu’en 2010. Cette association des musiciens traditionnels où qu’ils pratiquent, en Bretagne et hors Bretagne (et même hors métropole, aux USA, au Liban…), qui s’inscrit pleinement dans la formation, regroupe 150 bagad et 10 000 musiciens, épaulés par 40 salariés. Il en est toujours membre du Comité directeur.

La belle notoriété ainsi acquise au fil des ans a également permis à Bob d’être impliqué dans les grandes aventures des Nuits Celtiques au Stade de France, des Saint-Patrick à Bercy, du défilé de la Breizh Touch sur les Champs-Elysées en 2007, et bien sûr des grands festivals bretons dont le festival interceltique de Lorient.

Il a maintenant recentré une grande partie de son activité sur l’Ille-et-Vilaine et ses 15 bagad. Il coache le Bagad Kadoudal bien entendu et ne manque jamais l’occasion de sonner au sein de cette formation. Il éprouve deux grandes satisfactions : « le recrutement y est intéressant de par la jeunesse des adhérents » (moyenne d’âge autour de 16 ans, un peu plus pour les plus aguerris) et « la musique n’y est pas figée, elle est vivante et subit des influences venant de toutes les autres formes d’expression musicale actuelle. En ce sens elle s’inscrit sans conteste dans la modernité ».

Et puis cette passion est partagée de longue date dans la famille Haslé. Les deux fils de Bob ont été à bonne école et poursuivent leur pratique, même si, désormais, c’est à distance, l’un étant établi à Nouméa et l’autre à Hong-Kong… Une étincelle de fierté passe alors dans le regard de Bob : « mon petit fils de Hong-Kong s’est mis à la cornemuse et semble avoir du talent. Je peux dormir tranquille, la relève est assurée ». Et à notre question « Quel âge a-t-il ? », réponse : « 8 ans ! ». Curieuse coïncidence… non ?

Bob Haslé contribue pleinement au développement de la culture bretonne sans sectarisme, la culture Gallèse n’est pas oubliée : il entretient des liens très forts avec les principaux chantres de notre beau Pays, d’Albert Poulain à Charles Quimbert…jusqu’à Alan Stivell.

Recueilli par Bernard Morin et Jean-Claude Katz

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