Lutter contre la barbarie, taire l’indécence, défendre l’unité républicaine.

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Edito

Nous sortons meurtris de trois jours de deuil national suite au terrible attentat du 14 juillet à Nice : 84 innocents – dont beaucoup d’enfants – y ont laissé leur vie, des dizaines de blessés et mutilés porteront à jamais les souffrances de cette folie meurtrière. Mes pensées vont aux familles, dont la douleur doit être insupportable. Elles s’adressent également aux forces de l’ordre.

C’est un drame national que nous venons de vivre. C’est aussi une triste séquence politique qui a porté atteinte à l’unité nationale, principe pourtant fondamental pendant ces heures noires où notre République est attaquée.

J’en veux pour preuves que quelques minutes après le drame de jeudi soir Monsieur Estrosi – partie prenante majeure des festivités du 14 juillet de « sa » ville – ouvrait le bal de l’indécence et de l’irresponsabilité. Que quelques heures plus tard Monsieur Juppé – que nous attendions avec plus de tenue et retenue – y revenait. Qu’ensuite Messieurs Sarkozy et Guaino – ce dernier ayant été sans doute incompris par son argutie maladroite – enfonçaient le clou. Hier encore Monsieur Ciotti clouait le bec aux journalistes leur répondant que s’ils avaient vu les corps meurtris et mutilés, ils ne poseraient pas la question du maintien d’un état de droit!

Comment peut-on proférer de tels anathèmes ? Nos sentiments doivent guider nos positions et votes, surtout pas nous les imposer. Responsables politiques, en ces heures tragiques, trois impératifs non négociables s’imposent à nous : la sécurité de nos concitoyens, la défense de l’Etat de droit et la préservation de notre démocratie. Chaque attentat – nous espérons tant que le dernier soit l’ultime – est un piège qui nous est tendu pour mettre à mal ces impératifs. Et ces dernières heures, la Droite a commis quatre erreurs majeures :

  1. face à la barbarie la désunion ne servira aucun parti républicain digne de ce nom – que « les Républicains » sont et resteront, j’en suis certaine ;
  2. les citoyens désapprouvent ce spectacle de divisions et joignent droite et gauche républicaine dans un même rejet
  3. ces divisions abaissent mécaniquement le niveau des débats pour aspirer les votes de l’extrême droite là où notre Histoire ne cesse de démontrer que l’électorat préfère toujours      l’original à la copie ;
  4. en assimilant djihadiste et musulmans, elle salit des millions de nos compatriotes et infuse un esprit antirépublicain qui pourrait mettre des années à être reconstruit.

Hier soir, parlementaires dans l’hémicycle, nous étions devant nos responsabilités : préserver la démocratie, la sécurité des Françaises et des français, défendre l’état de droit.

Pour ma part, je ne me satisfais pas de l’état d’urgence. Mais il est une réponse parmi d’autres, un outil en attendant de réparer en profondeur – travail engagé dès 2012- les maux de notre société, une étape avant que les mesures de sécurité de moyen et long terme ne prennent la dimension escomptée.

Rappelons les principales mesures prises depuis le début des attentats :

  •           – Deux lois anti-terroristes ont été votées, deux lois sur le renseignement, une loi sur la procédure pénale ;
  •           – 15300 nouveaux postes sont venus renforcer les effectifs des forces de l’ordre là ou 13000 postes avaient été supprimés avant 2012 ;
  •           – Des moyens supplémentaires ont été alloués aux Services de renseignement et de sécurité, le port d’arme hors service est autorisé ;
  •           – Grace à l’opération Sentinelle, 10000 militaires sont sur le terrain.

Et après tant de contrevérités entendues sur les ondes, précisons le contenu du projet de loi :

  •           – Une prorogation de l’Etat d’urgence pour 6 mois, sur le même périmètre géographique : territoire métropolitain et départements d’outre-mer ;
  •           – Autorisation de saisie et d’exploitation des données électroniques contenues dans les ordinateurs ou téléphones découverts lors d’une perquisition ;
  •           – Si une perquisition révèle l’existence d’un autre lieu fréquenté par la personne visée, un droit de suite permettra de procéder immédiatement à une perquisition dans cet autre lieu.

J’ai donc voté le projet de loi hier. Sans entrain mais déterminée, convaincue que notre gouvernement et notre majorité réagissent dans un souci d’efficacité toujours perfectible mais toujours et indéfectiblement rassembleur.

La « maison France » ne se disloquera pas.

Marie-Anne Chapdelaine

 

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