« Cette jeunesse que je trouve si belle » A . Poirier

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Alain Poirier chez lui, à Chartres de Bretagne, le lundi 19 novembre 2012. Les quelques lignes qui suivent vous en dresseront le portrait.

L’Homme, le pédagogue.

« L‘objectif de tout enseignement devrait être de faire créer par l’élève le plus souvent possible ».

Sa famille est originaire de Guichen où son grand-père a été maire juste après la guerre 1939-1945. Alain Poirier est un citoyen engagé et il se dit « vigilant au plan politique ». Il a accompli l’essentiel de sa carrière de professeur d’histoire et géographie au Collège Fontenay de Chartres de Bretagne et est en retraite depuis 4 ans.

Il ne s’est jamais senti en phase avec « les méthodes pédagogiques classiques qui  formatent  les jeunes et inhibent les capacités d’initiatives de l’élève ». Il cite l’exemple de cet ancien élève qui, adulte, exprime maintenant la souffrance qui fut la sienne dans le carcan de la pédagogie traditionnelle. Alain reconnaît cependant que cette pédagogie active reposant sur le travail en équipe et qu’il a pratiquée avec tant d’enthousiasme, a ses limites car elle nécessite, au quotidien, un considérable investissement de la part de l’enseignant et de lourds sacrifices personnels et familiaux au profit des élèves. « Quelque chose qui s’apparente à un sacerdoce ».

L’Homme, l’humaniste.

« J’ai toujours eu un goût personnel pour les actions de solidarité et l’ouverture aux autres cultures ».

Ce penchant débouche en 1981 sur la création au Collège, d’un « Club sans Frontières » orienté vers des actions de solidarité, soulevant ainsi l’enthousiasme des élèves avides de ce type d’entreprise. Un premier échange avec un collège algérien. Mais un projet de jumelage entre communes n’aboutira pas, les esprits n’étant pas encore apaisés. Puis  un deuxième échange avec une école du Sud Maroc qui provoquera… un rapprochement entre celle-ci et l’école algérienne !

A la faveur d’un déplacement d’une délégation de Conseillers Généraux 35 au Mali, ceux-ci jouèrent le rôle de « Facteurs de l’amitié ». En effet, au retour, ils rapportaient, dans leurs bagages, une demande de partenariat de la part d’un collège de Mopti. C’est le début d’une extraordinaire aventure humaine qui sera toujours soutenue par la municipalité de Chartres et qui débutera par des échanges de courriers. Ces échanges s’intensifient jusqu’à atteindre un trafic annuel de 1000 à 1500 lettres entre Mopti et Chartres…

Ceci débouche en 1989 sur un premier voyage au Mali avec des élèves. Il y en aura d’autres, mais malheureusement « les contraintes de sécurité, la politique du - risque zéro -, sont venues, depuis, freiner les projets d’échanges d’élèves ».

C’est en 2001, et Alain est toujours là, que de nouveaux liens se tissent avec un village de 3000 habitants situé sur le plateau Dogon, à 2h de Mopti : Tendely. La scolarisation des filles y est traditionnellement anecdotique, ce qui motive les équipes à œuvrer pour favoriser l’évolution de cette situation. Résultat : création de 3 classes et, en 10 ans, la scolarisation des filles  passe de 20 à 200. Malheureusement, le collège le plus proche est hors de portée des élèves de Tendely. Qu’à cela ne tienne, la dynamique est créée : un collège voit  le jour à Tendely qui accueille quelque 200 élèves dont… une majorité de filles. « Et à la sortie, chaque année, 100% de réussite au Brevet ! ».

Et maintenant… ? Que ce soit lors d’un récent voyage à la Réunion (invité par un ancien élève qui s’y est implanté) ou lors d’un futur départ pour le sud marocain (il y est attendu par une ancienne élève marocaine revenue au pays), le « Prof des voyages » est devenu lui-même « Facteur de l’amitié » (titre d’un ouvrage dont il est co-auteur). Et il n’est visiblement pas à la veille de poser sa sacoche !

Sa retraite ne sera donc pas un long fleuve tranquille, d’autant qu’il nous a assuré que, si l’extrémisme menaçait, il serait là.

Recueilli par Bernard Morin et Jean-Claude Katz

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